Mardi 5 juillet 2022
Culture
Entrée dans l'univers de Boogy Brut dans presque tous ses états
Boogy brut, chronique d'une fabrique typographique 2.0 !
Exposition éphémère – Ateliers Grand Huit, 67 chemin Pujibet, 31200 Toulouse
Cela fait longtemps qu’au Club de la Com on rêve d’organiser une rencontre sur le langage visuel. Ce samedi 25 juin 2022, la Commission culture, intriguée et alléchée par le caractère énigmatique de ces deux mots “boogy” et “brut” mis bout à bout, part donc explorer cette exposition éphémère aux Ateliers Grand Huit, lieu modulable (à la fois galerie, atelier et espace événementiel, géré par Noelle Camus par ailleurs styliste modéliste chez Blizzart) à Borderouge, pour célébrer la mise en circulation d’une nouvelle police de caractère, nommée “Boogy brut”.
Cette petite merveille, aux déliés mouvants imprégnés de calligraphie réalisée à la main et de sensibilité hip hop, est née de la collaboration entre l’agence Bureau Brut (Julia Joffre et Yoann Minet), retailer de polices de caractères numériques originales pour les besoins de ses clients, artistes et agences de communication; et le designer Boogy Paper (Julien Priez) du collectif High on Type, pour qui la calligraphie est au service d’un processus de création typographique comme en atteste ce projet.
Dès l’entrée dans l’espace des ateliers, on perçoit la cohérence et la pluridisciplinarité d’un travail soigné à l’extrême, et décliné dans différents styles pour permettre une grande liberté d’utilisation. On découvre une exposition avec une approche à 360°. Julien a même imaginé à travers le Spécimen, un véritable fanzine où chaque typographe contributeur a pu donner libre cours à son inspiration autour de la question « c’est quoi la typographie pour vous » ?
La team BoogybrutGrand Huit, épuisée mais heureuse d'enfin sortir sa création au grand jour
Anna en pleine démonstration d'application imprimerie (ici sur bois)
Boogy brut est donc une nouvelle typographie et un mot-valise pour désigner cette collaboration, mais également, nous allons vite nous en rendre compte au contact de Yoann et Julien, un projet de longue haleine, car le savez-vous, la création de cette police, que vous pouvez tester librement sur le site boogybrut.com est bien un processus de 5 années de travail collaboratif, qui aujourd’hui associe également Anna pour la déclinaison sur textiles, qui propose pour l’occasion aux visiteurs une démonstration sous forme d’un atelier d’imprimerie sur place.
Julien Priez insiste particulièrement sur cette dimension collective du projet, c’est elle qui donne sens à son travail. « Ce qui me plaît ce sont toutes les passerelles qui s’agrègent autour d’un projet de cette dimension, le travail créatif est lent et passe par différentes étapes depuis la calligraphie et le geste artistique jusqu’au « produit fini » mais à un moment je constate que la création est arrivée à son terme, c’est aussi l’informatisation qui permet cela, et la collaboration avec Bureau brut lui donne le cadre, la stratégie. »
Coulisses de l'expo côté atelier de couture
« Typographe ce n’est pas un ancien métier, car nous en sommes l’exemple, Julien et moi-même sommes issus de la même école (Ecole Estienne à Paris) et il est intéressant de noter qu’on parle toujours de « fonderie » pour parler de notre activité, même à l’ère numérique ! Tous deux revendiquons cette discipline, car en effet la typographie est un reflet de l’évolution de la culture à travers la langue. Or, dans le milieu artistique, nous sommes nombreux à penser que les caractères numériques qui existent, je prends pour exemple les émojis standard, ont besoin de nouveauté, de nous ressembler, de coller à nos propres langages individuels” explique Yoann Minet.
« Quant à la culture hip hop, reprend Julien, qu’on le veuille ou non, on a grandi dedans, elle a façonné notre génération, et je dois dire que ce choix de typo, c’est aussi un acte politique et comme on peut le voir, elle n’est pas neutre, elle exprime des émotions, quelque chose de vivant et de typé (sans jeu de mots), elle exprime du caractère (encore sans jeu de mots), en la finalisant, j’ai gardé en elle quelque chose de l’ordre d’un cri. »
De la typo à l'atelier imprimerie
D’un point de vue économique, cette entreprise originale à tous points de vue (contenu très “spécifique” et peu répandu, mais aussi montage de projet, processus de création associés) représente de l’aveu de Yoann, « une grosse prise de risque. En effet, on a investi pendant toutes ces années sur le projet, sans avoir la garantie que nos frais engagés soient amortis, ce qui est un peu singulier car habituellement, on réalise des commandes à la demande de nos clients. Aujourd’hui, notre grande satisfaction c’est de voir des artistes et des événements renommés s‘approprier cette typo pour leur communication, et d’assister à cet effet boule de neige où après qu’on lui a donné naissance, la typo vit par elle-même ».
Les étapes de la création de Boogybrut
Bon vent à Boogy Brut qui se fraie déjà un chemin dans notre culture collective !
À retrouver sur bureaubrut.fr et boogybrut.com
